Les Girouettes à bicyclette
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Chamboultou

4/6/2020

7 Commentaires

 
Le voyage est fait d'imprévus. C'est ce que l'on recherche d'ailleurs. Mais à ce point là, on est servis. Cet article ne vient pas tout à fait à la suite du dernier, mais il paraît nécessaire de faire un point sur notre situation actuelle, vu les chamboulements qu'il y a eu ces dernières semaines.
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Devine d'où je t'écris
​Ces chamboulements ont un nom : Coronavirus. Ou plutôt les décisions politiques qu'il a entrainé, le tapage médiatique qui les accompagne et la peur de l'étranger qu'il génère.

Nous avons senti la situation se dégrader petit à petit.
En Grèce déjà, fin février un prêtre nous demande de prendre notre température pour accepter de nous héberger dans un minuscule cagibis de son église. Tout ça parce qu'à un moment nous sommes passés en Italie, sans nous écouter quand nous expliquons que nous y étions avant les premiers cas et que cela fait 14 jours que nous sommes en Grèce où aucun cas n'est déclaré.
A la frontière Grèce-Turquie, la peur de l'étranger s'ajoute à la peur du virus (on est en pleine crise des migrants envoyés par la Turquie à la frontière Grecque, février 2020). Pour notre dernier soir en Grèce, nous visons un petit village frontalier et nous avons toutes les peines du monde à trouver un toit pour la nuit. Au bout de 2 heures, nous tombons heureusement dans le bar quasi-vide de Dimitrios. On passe une bonne soirée à l'écouter raconter sa jeunesse de radio-opérateur sur les navires marchands aux quatres coins du monde. Mais on dormira dans sa grange, sa famille ayant peur du Coronavirus. Le lendemain matin, il nous apporte un thé dehors et nous explique que nous ne pouvons plus nous mettre au chaud dans le bar (et seul accès aux toilettes), car maintenant ce sont ses clients qui ont peur du Coronavirus. Comme si avoir la nationalité Française allait de pair avec être porteur du Coronavirus. En réalité, c'est notre qualité d'étranger plutôt que le risque objectif qui pose problème.
Nous passons la frontière le 6 mars et côté Turc, la situation se détend un peu. La rencontre et l'accueil sont plus faciles et nous nous sentons plus à l'aise. Mais à Istanbul les regards changent, comme quand une personne met son masque juste à notre passage et l'enlève immédiatement après. Le gouvernement annonce 5 cas tout au plus, et pourtant ferme les écoles, les universités et certains musées. Suspect. On réalise que le voyage va se compliquer. On anticipait de ne pas être beaucoup accueilli, surtout quand on entend des "Corona, Corona" dans notre dos, charmant. On imaginait quand même avancer, avec moins de contacts et en gardant un œil sur l'actualité.
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Dernier selfie avant le confinement!

​On prend un bus pour Izmir le 16 mars pour zapper une partie moins sympa. Malgré que nous soyons en relation avec la communauté locale de cyclistes, nous peinons à trouver une personne pour nous héberger. A nouveau on nous demande : "Comment être sûr que vous n'avez pas le Coronavirus?". Alors on se justifie une fois de plus : nous sommes en Turquie depuis 14 jours, nous n'avons pas de symptômes, etc. Finalement une seule personne répondra à notre appel, Mursid, qui nous gardera plus de temps que prévu…


Car à Izmir, tout s'accélère. Les frontières se ferment, le gouvernement demande à la population de rester chez elle et la France passe en confinement total. Notre voyage ne tient plus qu'à un fil, si des restrictions de circulation se mettent place et que nous n'avons pas de lieu fixe, on se fera probablement attraper et renvoyer en France. La majorité des cyclos avec qui nous sommes en contact rentrent d'eux mêmes. Nous on ne veut pas. A quoi bon? Faire le chemin arrière, prendre un avion (s'il n'est pas annulé), pour arriver en France où c'est la panade? La seule alternative est donc de trouver vite un lieu où se poser quelques temps. On sait que la tâche va être ardue alors on envoie une bonne cinquantaine de mails, messages sur tous les réseaux à notre disposition. Les derniers avions partent, le stress monte, mais heureusement Mursid promet de nous garder le temps de trouver. Merci encore à lui. On exclue rien : jardin chez quelqu'un, appartement à louer, notre préférence allant au woofing. Et la seule réponse positive et ferme que nous avons vient justement d'un couple de fermiers constructeurs de yourtes. Ils nous proposent de les aider en échange du gîte et du couvert (= woofing). Ils nous acceptent à condition que nous fassions une quarantaine d'une dizaine de jours dans des yourtes isolées qu'ils ont dans la montagne. L'idée nous semble excellente, et c'est un vrai soulagement d'être face à des gens qui raisonnent plutôt que de se laisser emporter par leur peur.
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Mursid

​On ne cherche pas à minimiser la dangerosité du virus et fustiger que l'on refuse le contact avec nous. D'ailleurs, vu la situation actuelle en Turquie, il est autant obligatoire de s'arrêter (l'état restreint de plus en plus les mouvement) que responsable (nous sommes des vecteurs privilégiés du virus, et l'état du système de santé Turc ne laissera probablement pas sa chance à la personne vulnérable que nous rencontrerions). Non, ce que l'on déplore, ce sont toutes les réactions irrationnelles que nous avons subis. Nous nous disons que nous avons juste effleuré ce que subissent les migrants au quotidien. Sauf que eux n'ont pas de chez eux qui les attend en cas d'impasse. C'est en permanence le rejet, l'errance et l'inconnue. Nous comprenons aujourd’hui que chaque signe d'indifférence de notre part est une violence supplémentaire pour eux.


​C'est quand même en vélo que nous parcourons les 100km de route qui nous emmènent au village de Türkan et Veysi. Ils nous montrent nos Yourtes de quarantaine et nous donnent quelques tâches à faire : arracher des ronces, préparer les champs, filtrer du vinaigre, etc. Ils viennent quand même nous voir de temps en temps pour nous aider et nous apporter à manger, tout en essayant de garder un peu de distance. Nous faisons aussi la rencontre de quelques voisins (la "distance sociale" est difficile à garder en Turquie) qui s'inquiètent probablement des conditions précaires dans lesquelles nous laissent nos hôtes. Nous les rassurons en leur disant que tout va bien et c'est vrai. Nous sommes en pleine nature, au calme et pour un moment. Turkan et Veysi sont adorables, ils cultivent leur champs sans aucun produit phytosanitaire et s'accordent autant que possible au milieu naturel dans lequel ils vivent. A partir de maintenant, notre vie devient sédentaire pour au moins 1 mois, le temps de voir comment la situation évolue. Ca va être un séjour plein d'apprentissages et nous mesurons notre chance d'être ici.
On se souvient de la phrase de Nicolas Bouvier en introduction de notre blog : "En route, le mieux est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors que le voyage commence". On comprend un peu mieux ce qu'il voulait dire. On a toujours rêvé d'aventure, maintenant on y est et l'aventure, c'est ça : des imprévus qui nous obligent à aller chercher en nous les ressources nécessaires pour avancer, voyager. Mais il est possible que nous n'ayons pas le luxe d'un prochain choix, si les étrangers devenaient exclus de Turquie, si les frontières ne se ré-ouvraient pas avant plusieurs mois… en attendant, on croise les doigts, et on fait pousser des tomates!
7 Commentaires
J François Gire
4/7/2020 10:04:06 am

Nous comprenons d'autant mieux que nous avons vécu la même chose au même moment en Grèce....Une manière différente de ce que nous avions imaginé d'être proche de vous.

Et oui l' homme et ainsi fait que les dangers mettent en relief son âme. ..xenophobie et xenophilie sont deux mots de la même racine. L'usage de l'un est fréquent, l'usage de l'autre beaucoup moins ...c'est ce qui en fait peut être la valeur.
Profitez de l'instant présent, apprenez des choses nouvelles c'est ça aussi le voyage. On attend avec impatience vos prochains posts de paysans....

Ps: "l'usage du monde" de Nicolas Bouvier reste vraiment une valeur sûre. ..à lire ..et à relire.

Réponse
Dany
4/16/2020 04:17:44 pm

Bonjour,
Une petite pensée pour vous en espérant que tout se passe bien.
Profitez des bons moments, des partages.
A bientôt pour des nouvelles de vous deux et quelques photos.

Réponse
Yannick Bernard
4/19/2020 02:06:11 pm

« En route, le mieux est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors que le voyage commence".....et qu’on se trouve....
Content de vous savoir en bonne santé.
Profitez de cet imprévu comme vous le faites.
À bientôt sur le blog

Réponse
Aurore et Clément
4/23/2020 10:11:15 pm

Merci Yannick! content de savoir que nous sommes suivis de près à ALAT! On espère quand même ne pas revenir plus tôt que prévu au boulot :-/ En revanche pour l'Inde, ça commence un peu à sentir le roussi...

Réponse
Lydia
5/2/2020 11:56:00 am

Petites pensées pour vous! Bon courage les girouettes :)

Réponse
Kolette
5/2/2020 01:48:09 pm

Salut â tous les 2
Vous savoir en forme et en bonne santé nous rassure
Quelle aventure!J'espère que vous allez pouvoir poursuivre votre périple avec des chamboulement , c'est le piment du voyage
Grosses bises Kolette

Réponse
Kolette
5/2/2020 01:50:01 pm

Erreur

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