Quand on pense à se faire héberger, on pense souvent aux monastère et aux églises, omniprésents dans le paysage européen et lieu d’accueil des âmes (et donc des corps qui vont avec?). Sienne et AssiseAprès Florence, on retrouve la Via Francigena, que nous avions quitté après Lucques. Cette route suit le chemin effectué par Saint François d’Assises depuis la France jusqu’à Rome pour créer l’ordre des Franciscains. A la manière du chemin de Saint Jacques (dans une moindre mesure quand même), elle est balisée et de nombreux hébergements sont identifiés… dans des communautés religieuses. On saute sur l’occasion car malgré nos nombreuses tentatives en Italie, nous n’avons essuyé que des refus. A Sienne, nous tombons dans une communautés de Soeurs (de Saint Vincent de Paul, ou filles de la charité [lien]) joyeuses et vives malgré leur âge parfois avancé. La communauté leur permet de s’entraider, de se retrouver dans une unicité de lieu et de foi, à mi chemin entre la coloc et la maison de retraite. Elles accueillent les pèlerins qui passent mais pas que, car il était assez clair que notre niveau de catéchisme était aussi bas que celui de notre Perse ancien. Malheureusement, on ne pourra pas partager le temps du repas avec elles ni même quelques crêpes de notre confection. L’organisation rigide communautaire ne prévoit visiblement pas ce genre de facéties. A Assises (Basilique-Sainte-Marie-des-Anges-d’Assises plus précisément, tout un programme!) alors qu’on a quitté la Via Francigena, on nous indique une maison des soeurs Capucines [lien]. C’est tout naturellement qu’elles nous ouvre leurs portes, comme si c’était une évidence que l’église accueillait le voyageur de passage! On peut donc sereinement admirer les églises d’Assises, guidés par Domenico, un vieux bénévole de la ville qui nous a pris sous son aile après nous avoir entendu parler Français. On découvre les convictions de Saint Francois d’Assises sur la pauvreté volontaire, l'entraide et la rigueur de la pratique, et on comprend mieux pourquoi on a croisé les soeurs qui nous ont accueilli à cet endroit. ScopoliMais en dehors de ces deux très bonnes expériences, nous avons souvent été refoulé par le prêtre et de manière peu cordiale. Pour une religion qui prône l’amour et l’aide du prochain, on repassera. Non pas que nous considérons l’accueil comme dû, mais que un peu plus “d’empathie” quand on nous refuse un toit et un partage un peu plus égal du patrimoine de l’église paraîtrait normal.
L'expérience de Scopoli, après Assises, est significative : Dans la montée du col qui nous emmène vers les Marches, on a la mauvaise idée de s'arrêter à Scopoli, petit village au milieu de la montagne qui a été durement touché par le tremblement de terre de 1997 (mais ça on ne le saura qu’après). Suite à ce tremblement de terre, le village a été déserté et on trouve une majorité de maisons vides, craquelées, fermées. Mais il est trop tard, on ne peut plus avancer, la nuit tombe et il fait froid. Plusieurs fois on nous redirige vers le prêtre, qui vit dans le château du village (!!). “Sa voiture est devant, c’est sûr il est là”. On sonne plusieurs fois, en vain. Un des anciens du village est bien décidé à ne pas nous laisser dormir dehors. Chez lui c’est minuscule mais il a le numéro du prêtre. Il l'appelle, le ton monte, et nous assistons à une copieuse engueulade entre les deux hommes. On entend plusieurs fois le nom de Casenove. Le prêtre raccroche, c’est non. Puis il rappelle quelques minutes après, finalement c’est oui. On retourne au château et cette fois ci le prêtre nous ouvre! Il nous emmène à 4km de là, à… Casenove. Collé à l’église, une jolie maison est vide et toute chaude pour nous accueillir. En discutant avec lui, on apprend qu’il a sous sa responsabilité 18 églises dans les villages alentours. Mais en réalité, ce sont les villageois qui font tous les travaux. On comprend mieux la réaction du vieil homme qui a probablement donné de sa sueur pour cet endroit et qui considère comme normal que nous soyons accueillis là plutôt que dans sa petite maison. Cette attitude (l'église qui nous refuse souvent un toit) choque beaucoup les Italiens, qui nous ont souvent re-dirigé vers le prêtre quand nous cherchions un hébergement. On apprendra qu’une taxe (0,8% de l'impot sur le revenu) est versée par le contribuable Italien pour la confession ou les oeuvres laïques de son choix. Comme les Italiens sont très pieux, ils versent en majorité cette taxe à l’église qui touche environ 1 milliard d’euros par an [lien]. Celle-ci a donc un immense patrimoine disponible et payé par les Italiens, et ils le savent parfaitement! Allez, une dernière pique pour la route : refoulés par les prêtres, accueillis par les soeurs, coïncidence?
2 Commentaires
Nicole GIRE
2/22/2020 08:34:34 am
Sans doute vaut il mieux faire confiance aux femmes 😉
Réponse
Jean Francois GIRE
2/22/2020 08:43:36 am
Intéressant votre article. Il y a une difference entre soeurs et prêtre. Les soeurs sont en couvent, et on fait des voeux differents des prêtres. Etes vous allés chez des frères ?
Réponse
Laisser une réponse. |
Où sommes nous?S'abonner, nous contacter :Archives :
Octobre 2020
|