Depuis un certain temps, nous nous posons des questions sur la viabilité du système dans lequel nous sommes et sur notre façon de vivre. Avant de partir en voyage, nous commencions doucement à modifier notre vie afin d’être plus en accord avec nos valeurs: diminuer nos besoins pour tendre à l’essentiel et limiter notre impact environnemental. Ce voyage est pour nous le moyen de découvrir d’autres approches, des façons de vivre différentes pour en rentrant entreprendre un véritable changement vers plus de sobriété. Pour cela, on imaginait faire du woofing sur la route, et la pause forcée du coronavirus en a été l’occasion. Nous avons eu la chance que Türkan et Veysi acceptent de nous accueillir sur leur terrain. Türkan, Veysi et la ferme.Tous les deux ont entrepris un virage radical dans leur vie. Ils avaient, chacun de leur côté, un travail prenant et stressant dans les deux plus grandes villes du pays. A la quarantaine, Veysi abandonne tout, achète un terrain en montagne qu’il commence à cultiver et y construit des yourtes pour y vivre. A la recherche d’un mode de vie alternatif, Türkan découvre Veysi et ses yourtes. Elle tombe amoureuse de l’endroit, décide de tout lâcher pour s’y installer. Ils achètent un champ d’oliviers en contrebas sur lequel ils vivent maintenant depuis une dizaine d’années. Cette vie plus sobre requiert moins de revenus, qu’ils obtiennent en partie de la vente de yourtes et des surplus de leur production d’olives, d’huile d’olives, de tomates, de miel etc. Leur journées sont rythmées par les saisons, les plantations et récoltes. Pendant plus d’un mois avec eux, nous allons vivre nous aussi au rythme imposé par la nature et découvrir la vie dans un habitat léger et isolé. Les 10 premiers jours, nous avons vécu “en quarantaine” dans leur ferme d’été. C’est le premier terrain qu’ils ont acheté qui se situe à 900m d’altitude. Encore un peu froid pour le mois de mars mais idéal pour y vivre l’été. Le lieu est magnifique et notre “confinement” en pleine nature et en amoureux est un vrai moment de calme, de repos et de réflexion. Veysi et Türkan passeront nous voir pour nous donner des choses à faire et travailler de temps en temps avec nous (à bonne distance). Nous apprendrons à couper (ou plutôt défoncer) des ronces à la pioche, à préparer un champ pour les prochaines plantations et à éclaircir des jeunes arbres fruitiers. Une fois rassurés par l'absence de symptômes de covid-19, nous descendons nous installer en bas avec eux. Nous découvrons leur magnifique champ d’oliviers, leur potager, leurs ruches et leur atelier de yourtes. Clément participera à la plupart des étapes de la construction d’une yourte mais malheureusement nous n’aurons pas l’occasion de voir l’étape finale : le montage. On aidera aussi Türkan et Veysi à avancer sur la construction de leur nouvelle maison intégrant des méthodes de régulation bioclimatique. De son côté, Aurore fera beaucoup de plantations de tomates, courges, poivrons et entretien de potager. On sera les responsables de la traite quotidienne de la chèvre qui nous offrira gentillement (mais pas docilement) de quoi faire de bons yaourts. Les poules, elles nous donneront bien docilement 4 oeufs par jour. Saviez vous d’ailleurs que les poules, quand elles n’ont pas de poulaillers, dorment dans les arbres pour se protéger des renards? Nous découvrirons enfin à quel point des ruches demandent de l’attention et du savoir. La vie dans les yourtesNous nous attendions à ce que la vie en habitat léger telle qu’une yourte soit spartiate. Nous avons été très agréablement surpris. La vie se déroule autour de 4 yourtes: une yourte chambre-salon pour chaque couple, une yourte cuisine et une yourte salle de bain-toilettes.
Ce mode de vie nous a permis de réfléchir sur l’impact environnemental que nous avions lors de notre “vie précédente” et de nous projeter vers une vie plus respectueuse de son environnement. Si beaucoup d’aspects nous ont plu, certains autres ne nous paraissent pas adaptés et en tout cas, pas reproductibles à grande échelle ou proche des villes :
Tolga et AysegülGrâce à Turkan et Veysi, nous avons rencontré leur voisins, Tolga, Aysegül et Maya leur fille. Ils ont eux aussi abandonné une vie citadine et stressante pour se construire un petit bout de paradis dans la montagne. Ils n’ont actuellement plus d’activité, mais en cherchent une qui serait en accord avec leur mode de vie. Nous sommes surpris d’avoir croisé autant de personnes dans cette partie de la Turquie qui se posent ces questions et qui vivent de manière alternative (camping car, voyage à vélo, habitats écologiques). Tolga et Aysegül ont eux aussi construit un habitat écologique, mais sur un mode un peu différent. Ils ont récupéré un terrain avec une petite ruine qu’ils ont utilisé comme fondation de leur toute petite maison. Elle demande peu d'énergie à chauffer et éclairer et a été construite avec des matériaux locaux : structure en bois en forme de A, facile à monter et isolation paille et chaux. Panneaux solaires, source à proximité et culture de leur potager leur permet d'être autonome et d’avoir peu de frais. Nous avons passé du temps avec eux à discuter de maisons en tout genre : tiny houses, maisons en terres, maisons de hobbits, etc. Ce qui nous a aidé à mûrir notre projet.
Le woofingLe principe est relativement simple, on travaille “gratuitement” pour des personnes qui nous offrent le gîte et le couvert. Les woofers de leur côté découvrent un bel endroit, une manière de vivre différente et acquièrent de nouvelles compétences.
Les choses ne sont pas toujours facile bien sûr. Il faut réussir à travailler et vivre avec des personnes aux cultures et aux caractères parfois bien différents. Trouver sa place et un rythme qui convienne à tout le monde n’est pas évident. S’accorder avec le caractère de Türkan et Veysi a été compliqué, ce qui a renforcé le besoin de se retrouver à deux et reprendre nos vélos. Au bout d’un mois, la situation se détendait en Turquie et nous autorisait à repartir. C’est quoi qu'il en soit une expérience humaine très riche que nous avons envie de réitérer au cours de notre voyage.
6 Commentaires
Mic-Mac
5/27/2020 09:36:08 am
On aime bien les articles longs comme celui-là. Continuez.
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Dany
5/27/2020 10:17:52 am
Merci pour ce bel article et ces magnifiques photos et vidéo.
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Aurore et Clément
6/1/2020 12:00:39 pm
Tout a fait! On mettait en introduction du blog que l'un des objectifs du voyage était de réfléchir à notre mode dee vie et les changement à appliquer. On a eu de la chance que cette pause forcé en soit l'occasion!
Aurore et Clément
6/1/2020 11:54:29 am
Merci pour tes encouragements Michel! Oui on préfère ce format long. Nos articles sont moins nombreux mais on peut aller plus profond dans nos réflexions.
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Jean-François et Nicole GIRE
5/30/2020 08:01:16 pm
Bel article et belle expérience. Le Covid a perturbé votre voyage mais vous a aussi apporté une belle opportunité.
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Aurore et Clément
6/1/2020 12:11:11 pm
Oui il faut y réfléchir. Cette pandémie va probablement changer profondément la face du monde, les rapports entre humains et les passages des frontières. D'autre part il faut se responsabiliser sur l'impact de nos activités. Voyager mène souvent à la pollution, la destruction des sites naturels, la corruption des habitants des lieux. Idem pour les activités de montagne dont nous sommes friands : alors que nous nous sentons proches de la nature, nous la détruisont par surpopulation, voitures, téléphériques, etc.
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