Les Girouettes à bicyclette
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Une vie simple

5/26/2020

6 Commentaires

 
Depuis un certain temps, nous nous posons des questions sur la viabilité du système dans lequel nous sommes et sur notre façon de vivre. Avant de partir en voyage, nous commencions doucement à modifier notre vie afin d’être plus en accord avec nos valeurs: diminuer nos besoins pour tendre à l’essentiel et limiter notre impact environnemental.
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Ce voyage est pour nous le moyen de découvrir d’autres approches, des façons de vivre différentes pour en rentrant entreprendre un véritable changement vers plus de sobriété. Pour cela, on imaginait faire du woofing sur la route, et la pause forcée du coronavirus en a été l’occasion. Nous avons eu la chance que Türkan et Veysi acceptent de nous accueillir sur leur terrain.

Türkan, Veysi et la ferme.

Tous les deux ont entrepris un virage radical dans leur vie. Ils avaient, chacun de leur côté, un travail prenant et stressant dans les deux plus grandes villes du pays. A la quarantaine, Veysi abandonne tout, achète un terrain en montagne qu’il commence à cultiver et y construit des yourtes pour y vivre. A la recherche d’un mode de vie alternatif, Türkan découvre Veysi et ses yourtes. Elle tombe amoureuse de l’endroit, décide de tout lâcher pour s’y installer. Ils achètent un champ d’oliviers en contrebas sur lequel ils vivent maintenant depuis une dizaine d’années. Cette vie plus sobre requiert moins de revenus, qu’ils obtiennent en partie de la vente de yourtes et des surplus de leur production d’olives, d’huile d’olives, de tomates, de miel etc. Leur journées sont rythmées par les saisons, les plantations et récoltes.
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Pendant plus d’un mois avec eux, nous allons vivre nous aussi au rythme imposé par la nature et découvrir la vie dans un habitat léger et isolé. Les 10 premiers jours, nous avons vécu “en quarantaine” dans leur ferme d’été. C’est le premier terrain qu’ils ont acheté qui se situe à 900m d’altitude. Encore un peu froid pour le mois de mars mais idéal pour y vivre l’été. Le lieu est magnifique et notre “confinement” en pleine nature et en amoureux est un vrai moment de calme, de repos et de réflexion. Veysi et Türkan passeront nous voir pour nous donner des choses à faire et travailler de temps en temps avec nous (à bonne distance). Nous apprendrons à couper (ou plutôt défoncer) des ronces à la pioche, à préparer un champ pour les prochaines plantations et à éclaircir des jeunes arbres fruitiers. 
​Une fois rassurés par l'absence de symptômes de covid-19, nous descendons nous installer en bas avec eux. Nous découvrons leur magnifique champ d’oliviers, leur potager, leurs ruches et leur atelier de yourtes. Clément participera à la plupart des étapes de la construction d’une yourte mais malheureusement nous n’aurons pas l’occasion de voir l’étape finale : le montage. On aidera aussi Türkan et Veysi à avancer sur la construction de leur nouvelle maison intégrant des méthodes de régulation bioclimatique. De son côté, Aurore fera beaucoup de plantations de tomates, courges, poivrons et entretien de potager. On sera les responsables de la traite quotidienne de la chèvre qui nous offrira gentillement (mais pas docilement) de quoi faire de bons yaourts. Les poules, elles nous donneront bien docilement 4 oeufs par jour. Saviez vous d’ailleurs que les poules, quand elles n’ont pas de poulaillers, dorment dans les arbres pour se protéger des renards? Nous découvrirons enfin à quel point des ruches demandent de l’attention et du savoir.

La vie dans les yourtes

Nous nous attendions à ce que la vie en habitat léger telle qu’une yourte soit spartiate. Nous avons été très agréablement surpris. La vie se déroule autour de 4 yourtes: une yourte chambre-salon pour chaque couple, une yourte cuisine et une yourte salle de bain-toilettes. 
  • La yourte chambre est très chaleureuse avec son sol recouvert de tapis et la structure des murs en bois apparent. Un poêle permet d’être au chaud (voir sous les tropiques) pendant les nuits encore un peu fraîches et de se faire chauffer le çay (thé). 
  • La yourte cuisine est très simple, une table, des rangements et deux feux au gaz pour les journées pluvieuses car sinon on cuisine au feu de bois. Pas évident de gérer les cuissons au début mais on s’y fait rapidement, on arrivera même à faire nos propres petits pains vapeur.
  • Pour la douche, on a tout le confort nécessaire. L’eau est chauffée par un chauffe eau solaire ou un poêle en cas de mauvais temps plusieurs jours d’affilés. Nous avions largement assez d’eau chaude pour 4 en prenant notre temps sous la douche. 
  • Les eaux grises partent directement dans la terre qui s’occupe de tout filtrer, à condition d’utiliser seulement des savons “bio” ici fait maison. L'évacuation des toilettes se fait dans une fosse simple (grand trou dans le sol couvert). L’eau provient d’une source dans la montagne et est stockée dans un réservoir de 10 000 litres. 
  • L'électricité est principalement fournie par des panneaux solaires et stockée dans des batteries. Avec 1800 Wc installés, nous avions assez d'électricité pour alimenter les outils nécessaires au travail du bois, une machine à laver (qu’on ne fait tourner que les jours ensoleillés), un petit frigo pour l’été, les éclairages et la recharge des ordis, téléphones etc.
Ce mode de vie nous a permis de réfléchir sur l’impact environnemental que nous avions lors de notre “vie précédente” et de nous projeter vers une vie plus respectueuse de son environnement. Si beaucoup d’aspects nous ont plu, certains autres ne nous paraissent pas adaptés et en tout cas, pas reproductibles à grande échelle ou proche des villes :
  • Vivant dans un village isolé (la première ville est à 25km), la voiture est indispensable et beaucoup utilisée. 
  • L’été, la source est à sec, il faut puiser de l’eau en profondeur grâce à un groupe électrogène. 
  • Le traitement des eaux grises et noires ne sont acceptables que parce que la ferme est dans une zone très peu peuplée.
  • la quantité importante de panneaux solaires et de batteries installés ne se justifie que quand l’atelier tourne à plein régime.
  • Le chauffage nécessite de grandes quantités de bois car on chauffe des espaces mal isolés avec des vieux poêles qui produisent beaucoup de suies. 
  • ​Après 10 ans à vivre en yourte, ils aimeraient plus de confort et plus d’espace intérieur. Ils se construisent donc une maison, qui, si elle se veut le plus écologique possible, nécessite quand même des quantités importantes de matériaux non renouvelables et beaucoup d’énergie pour la chauffer, l'éclairer, etc.  
Nous gardons donc en tête que chaque solution doit être mûrement réfléchie avant d’être implémentée et doit être adaptée à la configuration des lieux, la météo, le mode de vie. ​

Tolga et Aysegül

Grâce à Turkan et Veysi, nous avons rencontré leur voisins, Tolga, Aysegül et Maya leur fille. Ils ont eux aussi abandonné une vie citadine et stressante pour se construire un petit bout de paradis dans la montagne. Ils n’ont actuellement plus d’activité, mais en cherchent une qui serait en accord avec leur mode de vie. Nous sommes surpris d’avoir croisé autant de personnes dans cette partie de la Turquie qui se posent ces questions et qui vivent de manière alternative (camping car, voyage à vélo, habitats écologiques).
Tolga et Aysegül ont eux aussi construit un habitat écologique, mais sur un mode un peu différent. Ils ont récupéré un terrain avec une petite ruine qu’ils ont utilisé comme fondation de leur toute petite maison. Elle demande peu d'énergie à chauffer et éclairer et a été construite avec des matériaux locaux : structure en bois en forme de A, facile à monter et isolation paille et chaux. Panneaux solaires, source à proximité et culture de leur potager leur permet d'être autonome et d’avoir peu de frais. 
Nous avons passé du temps avec eux à discuter de maisons en tout genre : tiny houses, maisons en terres, maisons de hobbits, etc. Ce qui nous a aidé à mûrir notre projet. ​

Nos réflexions

Pendant le confinement, nous demandions à nos amis si ce bouleversement changeait leur vision du monde et le mode de vie vers lequel ils souhaitent tendre. Pour nous cette expérience nous a permis d’apprendre, tester et de préciser notre mode de vie futur :
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  • ​L’expérience de vie en yourte a été très positive et vivre au long terme dans un habitat léger nous paraît tout à fait possible. Néanmoins, un peu plus de confort et de “solidité” est nécessaire pour nous. 
  • Nous souhaitons nous investir dans notre futur logement : le construire nous même, recycler des matériaux, qu’il soit sobre en ressources naturelles et en énergies, voire autonome.
  • Nous souhaitons rester mobile géographiquement pour saisir les opportunités professionnelles ou personnelles (beau terrain à occuper, habitat partagé à rejoindre) 
  • Enfin, ne pas vivre en pleine ville pour pouvoir cultiver, mais en être suffisamment proche pour y aller en vélo et profiter de ses attraits indispensables : lieux culturels, AMAP, ateliers partagés, bières avec les copains. 
Toutes ces contraintes peuvent sembler incompatibles, sauf pour un habitat, qui nous semble à ce jour idéal : la tiny-house sur roue (on vous laisse chercher sur internet si vous n'êtes pas familiers avec le concept). Quelque soit la suite de l’itinéraire, nous avons à présent envie d’aller découvrir les solutions que d’autres ont trouvés pour approfondir notre réflexion : permaculture, construction écologiques, solutions “low-tech”.​

Le woofing

Le principe est relativement simple, on travaille “gratuitement” pour des personnes qui nous offrent le gîte et le couvert. Les woofers de leur côté découvrent un bel endroit, une manière de vivre différente et acquièrent de nouvelles compétences. 
Les choses ne sont pas toujours facile bien sûr. Il faut réussir à travailler et vivre avec des personnes aux cultures et aux caractères parfois bien différents. Trouver sa place et un rythme qui convienne à tout le monde n’est pas évident. S’accorder avec le caractère de Türkan et Veysi a été compliqué, ce qui a renforcé le besoin de se retrouver à deux et reprendre nos vélos. Au bout d’un mois, la situation se détendait en Turquie et nous autorisait à repartir. C’est quoi qu'il en soit une expérience humaine très riche que nous avons envie de réitérer au cours de notre voyage.​
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6 Commentaires
Mic-Mac
5/27/2020 09:36:08 am

On aime bien les articles longs comme celui-là. Continuez.
MM

Réponse
Dany
5/27/2020 10:17:52 am

Merci pour ce bel article et ces magnifiques photos et vidéo.
Bien sûr tout n'est pas simple ni facile mais c'est ce qui fait aussi le charme de la découverte. Des découvertes de nouveaux paysages, de nouvelles personnes ayant fait le choix de vivre différemment. Tout cela est enrichissant humainement. Vous reviendrez grandi de ce beau voyage, de cette chouette expérience.
Au plaisir de vous relire très vite.
Mes chaleureuses pensées vous accompagnent.
Dany

Réponse
Aurore et Clément
6/1/2020 12:00:39 pm

Tout a fait! On mettait en introduction du blog que l'un des objectifs du voyage était de réfléchir à notre mode dee vie et les changement à appliquer. On a eu de la chance que cette pause forcé en soit l'occasion!

Aurore et Clément
6/1/2020 11:54:29 am

Merci pour tes encouragements Michel! Oui on préfère ce format long. Nos articles sont moins nombreux mais on peut aller plus profond dans nos réflexions.

Réponse
Jean-François et Nicole GIRE
5/30/2020 08:01:16 pm

Bel article et belle expérience. Le Covid a perturbé votre voyage mais vous a aussi apporté une belle opportunité.
Dans la même thématique nous avons lancé la reflexion au niveau du CA d'ABM et le thème comment voyager, ou, avec quel impact .... sera certainement le thème du prochain numéro de la revue. Vous pouvez écrire quelque chose si vous avez le temps ( je vous fais parvenir le mail d'Odile Paugam).
Bon voyage...

Réponse
Aurore et Clément
6/1/2020 12:11:11 pm

Oui il faut y réfléchir. Cette pandémie va probablement changer profondément la face du monde, les rapports entre humains et les passages des frontières. D'autre part il faut se responsabiliser sur l'impact de nos activités. Voyager mène souvent à la pollution, la destruction des sites naturels, la corruption des habitants des lieux. Idem pour les activités de montagne dont nous sommes friands : alors que nous nous sentons proches de la nature, nous la détruisont par surpopulation, voitures, téléphériques, etc.

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